AMBANENGO MASAMUNA Anne-Grâce
6ePrimaire (2015 – 2016)
Née à BUKAVU le 28 octobre 2003,
Elle s’inspire de sa tante : forte, serviable et généreuse, avec beaucoup de personnalité. Enseignante à l’Institut Supérieur des Techniques de l’Information, journaliste à la Radio Télé Nationale Congolaise.
La femme forte
Cette histoire parle de la personne qui a vraiment marqué ma vie. Cette personne s’appelle Espérance Bayedila Bakanda. Née à Kinshasa, le 23 mars 1965, elle a fait ses études primaires au Lycée Bosangani et secondaires au lycée Motema Mpiko. Elle avait une passion : devenir professeure. En 1986, elle obtient son diplôme d’Etat, puis, intègre l’ISTI. Elle habitait sur l’avenue Bakuandumu dans le quartier Yolo-Sud, commune de Kalamu. Elle avait une amie personnelle, ma mère, Rosette Nzola Meso. Elles ont grandi ensemble. Parfois, elles revenaient de l’école et allaient se réfugier dans l’une des familles. Chaque jour, ma mère et elles s’échangeaient des objets classiques. Parfois, ma mère allait dormir chez elle, et elle chez ma mère. Leur amitié est vraiment forte. Mais cette amitié a aussi connu beaucoup de problèmes. Heureusement, elles ont été assez fortes pour lutter. La chose qui m’avait fait rire, c’est que, cette femme faisait beaucoup de sections. Cette année, elle fait la pédagogie, l’année prochaine, elle va en scientifique, puis en biologie, en chimie. Mais elle était intelligente.
En 1987, elle passe en G1. Elles se voyaient toujours avec ma mère. Pendant qu’elles étudiaient, un homme avait charmé sa vie. Il s’appelait Robert Tshimungu. La famille de la femme lui disait d’abord de terminer ses études. Ma mère lui disait aussi la même chose. Mais elle ne faisait qu’à sa tête : ils s’aimaient. L’amour de cette femme et de cet homme avait posé beaucoup de problèmes familiaux.
Les jours passaient rapidement et les deux amies grandissaient vite. Quand Espérance a terminé son graduat, elle a continué ses études. Un jour, parce que, sa vie était un conte de fée, tout a basculé. Les deux familles ne s’entendaient plus. Quand elle a terminé ses études, ils ont organisé une grande fête. Tout le monde était content. Elle était joyeuse.
Ma mère était contente pour elle et commençait à l’encourager. Et c’est pour cela qu’elle aime beaucoup ma mère, une femme qui aime aider quand c’est bien. Il y avait maintenant du temps libre pour qu’elle puisse se marier. Le jour où son homme tant attendu était venu la demander en mariage, elle était vraiment contente. Le jour du mariage coutumier, c’était une fête spectaculaire. Ils étaient heureux. Puis, ils se sont mariés. Après quelques temps, ils ont eu leur première fille, Myriam Tshimungu. Ma mère allait parfois chez elle pour l’aider. Le soir, elle rentrait chez ses parents. Mais, elle restait parfois là-bas pour la nuit.
Ma mère allait au marché, puis quand elle rentrait, elle effectuait quelques tâches ménagères comme laver la maison, arranger les chambres, enlever la poussière, vider la poubelle de l’extérieur. Parfois, elle lavait le bébé et quand le bébé s’était endormi, elles allaient préparer la nourriture. Et le soir, elle rentrait chez elle.
Quand Myriam a eu un mois, ma mère restait avec elle. Les jours passaient, l’enfant grandissait et sa mère commençait déjà à travailler. Par contre, sa famille avait de tous petits problèmes ; car sa fille avait à peine quelques mois. Chaque samedi, ma mère allait chez son amie et rentrait le dimanche. Quelques temps après, elle a su qu’elle attendait un autre enfant. Toutes les familles, de la femme et de l’homme, étaient dans la joie. Ma mère aussi. Et un jour, ma mère avait demandé deux jours de congé au service pour accompagner son amie au grand-marché faire des achats.
Elles ont acheté le nécessaire pour le bébé alors que l’aînée était restée chez sa grand-mère maternelle, à Yolo-Sud. Elles ont loué un véhicule pour rentrer pour charger tout cela et sont parties en direction de Lemba. Là, elles ont déchargé la voiture avec l’aide de ma mère et de son mari. Le lendemain, ma mère a commencé à préparer les affaires du bébé.
En 1992, l’enfant est né. On l’a nommée Thesy. Après quelques temps, elle attendait encore un autre enfant, le troisième. Ils l’ont nommée Julia. Puis, elle eut Jordan, son avant-dernier enfant en 1997. Mais, il y avait encore une autre nouvelle. Ma mère voulait se marier. Une grande fête était prévue. Tout le monde était en fête. Puis en 2001, ma tante eut sa toute dernière fille, la cadette, nommée Sophia. Ils étaient heureux et vraiment heureux.
Mais, quand tout ça se passait, en 1998, ma mère avait eu ma grande-sœur Sarah. Puis, quand la cadette de ma tante avait trois ans, ma mère était à Bukavu, elle m’a mise au monde en 2003. Avant que je ne sois née, ma tante était venue chez nous, à Bukavu. Elle était là à ma naissance. Puis, ma petite sœur était née en 2005. Ensuite, on est rentré à Kinshasa.
Un jour, ma tante était venue chez nous à Kintambo avec son mari. On a mangé, rigolé. Son mari m’avait demandé de chanter l’hymne national. Quand j’ai fini, il m’a promis que bientôt il allait m’acheter un vélo. Je lui avais dit merci. Mais ce rêve, il ne va jamais le réaliser. Le 2 février 2012, il est mort. Tous les enfants pleuraient. Maman était allée consoler sa meilleure amie. Tout le monde avait mal.
Puis, un jour ma tante avait dit qu’on passe nos grandes vacances chez elle, pour se changer les idées. Maman dormait avec elle. Elle était triste. Parfois, on allait la faire rire. Chaque matin, avec elle, on faisait du sport, on jouait. Puis, on se reposait pour ensuite se laver. On allait ensuite manger.
Mais la chose qui nous faisait très peur, c’était leur chien. Il est vraiment très gros. Il s’appelle Bled. Mais la personne qui n’avait pas peur de lui, c’est mon cousin Jordan. C’était toujours lui qui le sortait de sa cage, puis le rentrait au matin. J’avais peur de Bled parce qu’on m’avait raconté qu’un jour, de grand matin, ma cousine Lolo s’était réveillée. Elle ne savait pas que le chien était encore dehors. Elle avait ouvert la grille. Mais malheureusement, le chien l’a suivie jusque dans la chambre des filles. Ce jour-là, elle avait vraiment un choc et avait beaucoup pleuré. Voilà pourquoi je n’aime plus m’approcher de ce chien.
Mais mon petit frère aime beaucoup ce chien. Un jour, si je me rappelle bien, j’avais de la fièvre et toussais vraiment trop. Maman m’avait demandé d’aller me laver pour que l’on aille chez ma tante. Mon petit frère pleurait beaucoup parce que maman allait sortir avec moi et pas avec lui. Et maman a trouvé une excuse. Elle a dit à mon petit-frère qu’on allait me piquer. Et comme il n’aime pas la piqûre, il avait arrêté de pleurer. Nous sommes allées à pieds. Pour ne pas avoir mal aux pieds, nous avons pris la route de Yolo-Sud.
Quand nous étions arrivées à Ezo, nous avons pris un transport, et nous sommes descendues au Petit Pont. Là-bas, il n’y avait pas grand monde. Je me suis mise à jouer avec le vélo. Mais tellement que je n’avais pas d’équilibre, j’avais peur de tomber et de me casser. Mais les deux femmes qui étaient avec moi, c’est-à-dire ma mère et ma tante m’ont encouragée et j’avais fait quelques minutes en train de pédaler mais pas assez bien.
Pendant qu’on jouait avec ses enfants, elle restait avec sa famille et ma mère en train de causer. On organisait aussi des sorties. Mais, la chose qui m’a plu chez elle : elle avait payé ce que son mari m’avait promis. Elle m’a donné la meilleure formation ; elle a fait que je puisse étudier aux Gazelles. Et c’est pourquoi je la remercie beaucoup. De m’avoir donné la meilleure formation du pays. Quand je suis entrée aux Gazelles, elle me demandait si ça se passait comment en classe.
Maintenant, je vais vous expliquer pourquoi je l’appelle ma tante. Tout d’abord, ça commence par la famille de maman. La petite sœur de maman a eu un enfant avec le cousin du mari de son amie, Espérance. Et vous savez bien qu’un enfant peut unir beaucoup de personnes. Il se fait que nous sommes cousins par alliance. Bon, récapitulons toutes ces choses. Je ne vous ai pas raconté comment j’ai connu ces enfants.
C’était un jour où maman devait sortir. Comme je voulais sortir avec elle, maman m’a appelée puis elle a appelé ma grande-sœur pour qu’on aille chez son amie. Quand nous sommes arrivées à Ngaba, nous avons trouvé ses sœurs. Puis sa deuxième fille était venue. Quand on regardait la télé, ma sœur et moi, on nous a appelées pour aller à Bandal. Arrivée là-bas, il y avait une grande fête. Puis, j’ai fait la connaissance de mes cousins. Raconter tout ça, c’est vraiment long. Voilà pourquoi je dis simplement que ce sont mes cousins.
Quand les vacances se terminaient, c’était le retour à l’école. Malgré tout cela, on était toujours en relation. Parfois, la cadette de ma tante venait me demander ce que j’avais emmené. Malgré tous ces problèmes, on était toujours unis. Mais pendant les cours, quand on va là-bas, c’est pour une fête. Et en parlant de fête, je me souviens de quelque chose qui s’était passé un jour. Elle avait appelé maman pour lui annoncer une fête, ou je peux dire une réception chez eux à Ngaba. Quand nous sommes tout près, il n’y avait pas de courant. Maman avait commencé à nous stresser. Elle disait qu’il n’y avait pas fête et que l’on devait rentrer à la maison. Mais, je disais qu’il y avait des gens, parce que je voyais des voitures au loin. S’il y a beaucoup de voiture, ça veut dire qu’il y a des gens. J’ai dit à maman qu’il y avait des gens. Et puis, maman a enfin appelé maman Epée, c’est comme ça qu’on l’appelle. Elle nous a confirmé qu’il y avait bien fête.
Mes frères étaient contents. Et moi aussi bien sûr. Nous avons marché jusque chez elle. Quand nous sommes arrivés à la fête, il y avait beaucoup de gens. Nous quatre, c’est-à-dire les enfants, sommes allés au coin des enfants et les parents dans le coin des grandes personnes. Et à minuit, elle a dit à papa et maman que les filles restent passer la nuit. Ceux-ci avaient accepté. Mais on était toujours unis, on était toujours ensemble.
Un jour pendant qu’on était en vacances chez elles, elle m’a montré une photo de la maison qu’elle construisait. Elle paraissait inachevée sur la photo. Je lui ai fait une observation : « Maman Epée, elle est belle, mais elle n’est pas encore achevée. Parce qu’elle est vraiment sale. ». Elle m’avait répondu : « On ira la voir, tu verras, elle va te plaire. ». Et le 5 avril 2015, j’ai vu la maison qui allait vraiment me plaire ; et c’était vraiment une jolie maison. Nous y étioins allés pour son 50eanniversaire de naissance.
La maison est située sur l’avenue Espérance à Kinkole. Pendant cette fête, la famille Lepira était aussi là. On a visité la maison. On a aussi vu Julia qui revenait de l’Afrique du Sud. Quand il fallait mettre de la crème sur le gâteau, Lepira et moi étions seulement là pour manger la crème et les pommes. Elle a soufflé les bougies, on lui a dit de donner la première part du gâteau à son mari, déjà décédé. Et c’est là que j’avais eu mal au cœur. Quand on a fini de manger, on est allé jouer à la balle avec les Lepira. Le soir, nous sommes rentrés chez nous.
La deuxième fois que j’étais partie là-bas, c’est quand sa première fille avait eu sa Licence. C’est grâce à ma tante que ma mère travaille maintenant. Nous attendons la License de sa deuxième fille qui est au Campus. Elle fait l’agronomie. Mais moi, je trouve que ça va très bien passer. Parce qu’on dit que toute histoire qui commence bien, finit bien. Ce qui m’a poussé à décrire ma tante pour le concours Heidi KABANGU, c’est le fait que je la connais vraiment bien, j’ai voulu faire un petit résumé sur elle.
Parce qu’elle a su gagner sa vie même quand son mari n’était plus là. J’espère que là-haut, son mari se sent très bien en voyant ce qu’elle fait pour leurs enfants. Parce que d’autres mères, après ce qui s’est passé, elles auraient laissé leurs enfants à la rue. Mais elle, elle a su garder ses enfants. Et pour ça, je la félicite. Parce qu’elle a su gérer sa famille même dans les moments les plus difficiles.
Elle a gardé ses neveux pendant très longtemps. Sa sœur était morte, mais elle les a aidés à avoir une vie convenable. Elle a fait voyager deux de ses nièces et un neveu pour l’étranger. Même si elle a cinq enfants, elle a su donner de l’amour, de l’affection et la formation à ses neveux comme si c’était leur propre mère. Elle a aidé sa famille à surmonter les problèmes. Elle a su elle-même avoir une belle vie. Elle a une belle carrière. Ses enfants sont déjà grands. Elle a fait à ce que les trois fils de sa sœur aient tous un diplôme d’Etat et son fils est maintenant en 6eHP aux Gazelles. Et c’est seulement par elle que je suis en 6eprimaire. Sa fille cadette est maintenant en 3eHP aux Gazelles. Par elle seulement, j’ai tout ce que j’ai. Et c’est par sa fille Julia que je connais Julia, ma meilleure amie.
Attendez, je ne vous ai pas raconté la fameuse et mystérieuse histoire de ma rencontre avec Julia Mvemba Barros. C’était comme ça : j’étudiais encore à St Raphaël quand ma tante a eu l’idée de m’inscrire aux Gazelles. Elle avait dit que j’avais le moyen de réussir au test, parce que je comprenais toutes les matières de mon ancienne école. Elle a demandé au directeur Musu de l’école primaire aux Gazelles de me poser un test pour savoir si j’avais le niveau de l’école. Et j’avais réussi à ce test. Avant la rentrée, maman était en train de me tresser quand elle m’a demandé de remercier sa meilleure amie.
Et le jour de la rentrée, Julia m’a présentée à la sœur de son amie qui s’appelle Julia également. Ma cousine Julia avait dit qu’elle espérait que nous serions de meilleures amies. Et ce qu’elle avait dit était vrai. Mais je n’étais pas encore habituée avec elle. Quand elle m’avait montré Julia, je me souviens, elle portait des baskets orange. Et l’uniforme des Gazelles comme toujours.
En troisième primaire, on ne se parlait même pas. En quatrième, on commençait à se parler et en cinquième, on est devenues les meilleures amies du monde. Comme ma mère et cette tante. Et c’est là que j’ai compris que Julia ne mentait pas. Je me suis souvenu de ce qu’elle m’avait dit quand j’étais encore nouvelle aux Gazelles. Et je la remercie. Et c’est pour cela que j’ai écrit cette histoire.
Et le jour de la journée culturelle, Julia Tshimungu était venue aux Gazelles. Quand je l’avais vue, j’étais émue. Elle était très jolie. Elle a aussi vu Julia Mvemba Barros. On était contentes. Elle était aussi venue avec Anne-Sarah. Avec elles, je me sens bien, il y a mon cousin qui me taquine, moi qui ai une bonne formation. Je lui répète encore, je remercie tout le monde de ce qu’on a fait pour moi et pour toute ma famille.
Kinshasa, Novembre 2015
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